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uelques opinions d’écrivains équestres
sur Baucher
Baron de VAUX, Les hommes de cheval depuis Baucher,
Paris 1888 :
Q Le
comte d’Aure était un écuyer de grande valeur, un modèle de précision,
possédant une finesse d’aides irréprochable, mais ne possédant mathématiquement
ni règles, ni syntaxe. Le comte d’Aure, qui préférait l’équitation du dehors à
celle du manège, n’a jamais dressé un cheval; et si, au lieu d’appartenir à la
haute classe de la société, le comte d’Aure fût né obscur, il est plus que
probable qu’il ne serait jamais arrivé à la célébrité.
C’est justement la différence qu’il y a entre le comte d’Aure et
Baucher. C’est que le premier, avec des aptitudes équestees exceptionnelles,
aidé de sa situation dans le monde, s’est fait un nom sans avoir rien laissé
derrière lui, tandis que Baucher, homme obscur, s’est imposé au monde équestre
par un talent sans égal dans le passé comme dans le présent, et qu’il a laissé,
quoi qu’en dise le baron d’Étreillis, une méthode indiscutable, une école enfin
qui compte les meilleurs hommes de cheval de notre époque f
(pp. 72-73)
Général L’HOTTE, Un officier de cavalerie. Souvenirs du
général L’Hotte, Paris 1905:
Q
L’expression générale de sa physionomie révélait le penseur; c’était là son
trait caractéristique, et non san cause. Constamment préoccupé par son art,
Baucher portait sur son visage l’empreinte de ses méditations, qui
l’absorbèrent à un point tel, lorsqu’il songeait à publier sa méthode, qu’il en
était devenu presque monomane. Il avait alors constamment sur lui crayon et
papier, afin d’inscrire, aussitôt trouvé, le mot qui, pour lui, n’avait pas de
synonyme et qu’il cherchait peut-être depuis longtemps. L’amplitude de
l’intelligence de Baucher, la rectitude de son jugement en auraient fait un
homme remarquable, quelle qu’eût été la direction donnée à ses facultés. Son
esprit, si pénétrant, prenait souvent une tournure philosophique, comme en
témoignent d’ailleurs certains de ses écrits. f (p.
97)
Description du cheval bauchérisé (vers 1849, ”Baucher première
période”):
Q Les
moyens mis en usage, enserrant le cheval dans l’embrassement des aides, avaient
pour conséquence de le tenir constamment renfermé et de tendre au rapprochement
de ses extrêmités. L’équilibre artificiel, qui en découlait, rendait le cheval
essentiellement propre aux mouvements concentrés, ascensionnels, à tous ceux où
l’animal doit revenir sur lui-même, tels, par exemple, que les suivants:
piaffer, passage, pirouettes au galop, changements de pied rapprochés. Mais le
cheval n’était pas mis en situation de chasser avec aisance et franchise sa
masse en avant. Le cavalier, il est vrai, ne portait rien dans les bras, mais
il portait son cheval dans les jambes. Or, la véritable légèreté consiste, pour
le cavalier, à avoir le cheval léger aux jambes autant qu’à la main,
c’est-à-dire à l’avoir toujours coulant et comme insaisissable dans les talons,
à moins toutefois que la main ne s’oppose au mouvement en avant. […] f (p. 111)