FRANÇOIS ROBICHON DE LA
GUÉRINIÈRE (1688-1751)
L'ÉCUYER ET SON ŒUVRE
© Alain Fabre 2002-
e-mail: alain.fabre@
Dernière mise
à jour: 17/03/13
Ces pages sont entièrement consacrées
au grand Maître de l'équitation classique. Elles sont divisées en plusieurs
volets, portant sur la vie de l'artiste et son œuvre dans le contexte
historique et artistique de son époque. J'ai souhaité privilégier les aspects
de la vie de La Guérinière dans le Paris de la première moitié du XVIIIe siècle, et ceci
aux dépens de l'analyse de ses techniques d'équitation, que je laisse à
d'autres, meilleurs connaisseurs que moi en la matière. Ce parti pris m'a paru
d'autant mieux justifié que la plupart des auteurs qui ont écrit sur La
Guérinière se sont plus penchés sur l'analyse de son oeuvre de Maître de
l'équitation classique plutôt que sur sa biographie. Ainsi, par exemple,
Lagarenne (1903), dont pourtant l'ouvrage est entièrement consacré à La Guérinière,
ne fournit pratiquement aucun détail biographique. Monteilhet (1979) nous
propose un petit nombre de faits concernant la vie de La Guérinière. Le volume
édité récemment par Patrice Franchet d'Espèrey contient trois articles signés
par Deblaise, Guillotel et Liévaux, parmi lesquels on peut glaner de précieux
renseignements biographiques sur notre écuyer, en dépit parfois d'un certain
manque de rigueur dans l'exposé chronologique et les citations
bibliographiques.
La vie des hommes de cheval
est, en général, fort mal connue. Il existe de nombreuses raisons à cet état de
fait, parmi lesquelles je souhaiterais privilégier deux en particulier. La
première est le rôle capital de tout ce qui avait trait aux chevaux à cette
époque, et formait un élément tellement central dans la vie quotidienne que bon
nombre d'auteurs contemporains n'y voyaient pour ainsi dire aucun intérêt
particulier. D'autre part, étant donné que monter à cheval, tout du moins d'une
manière empirique, était extrêmement commun, il est certain que le métier
d'écuyer n'attirait que rarement l'attention des témoins occulaires et
mémorialistes de l'époque. Le caractère éphémère des spectacles d'art équestre,
quant à lui, met l'écuyer dans une situation désavantageuse par rapport aux
autres artistes, dont l'oeuvre, physiquement présente, perdure à travers les
temps. S'il est certes vrai que certains écuyers, tels La Guérinière, nous ont
légué une oeuvre écrite (et illustrée) remarquable, il n'en reste pas moins
vrai que leur vie nous reste très peu connue et cachée derrière d'obscurs
documents d'archives inédits.
Aucun individu, écuyer ou
simple mortel, n'évolue dans le néant. Je tenterai donc dans ces pages de
situer La Guérinière parmi ses contemporains, et en tant qu'héritier d'une
certaine tradition des Académies d'équitation. A cet effet, on trouvera ici
également une rétrospective de cette institution, volontairement limitée, en
dehors de brefs rappels, à l'espace parisien, qui fut celui où La Guérinière
évolua. L'une des facettes proposées ici pour permettre de cerner la
personnalité de La Guérinière consiste en une promenade dans le Paris de la
première moitié du XVIIIe siècle.
Toutes les sources que j'ai utilisées sont regroupées dans la bibliographie générale citée en fin de page. Merci de m'adresser vos commentaires et suggestions.
PLAN DU DOSSIER
Portraits connus de
La Guérinière
La Guérinière et les
académies parisiennes d'équitation.
Les élèves des académies
d'équitation
L'École de cavalerie: sa gestation
et ses éditions.
Les illustrations de l' École
de cavalerie (éditions in-folio de 1733 et in-octavo de 1736).
Portraits connus de
La Guérinière.
Selon la base de données Joconde du ministère de la
culture, ce portrait (ci-contre à gauche), peint par Louis Tocqué
(1696-1772), serait celui d'un "inconnu dit autrefois François de La
Guérinière". Le tableau fait partie des collections du Musée des Beaux-Arts
de Quimper. Deux éléments de comparaison iconographique laissent supposer qu'il
s'agit bien de notre écuyer; en effet, il suffit de comparer ce tableau au
portrait de La Guérinière inséré en regard du titre frontispice de l'édition in-8
de 1736 (ci-contre à droite), portrait peint par le même Tocqué et reproduit par
le graveur Thomassin (signatures: Toquet Pinx - S.H. Thomassin Sculp.), et le
pastel de Tocqué reproduit en couverture de l'ouvrage édité par Patrice
Franchet d'Espèrey (2000), et appartenant à une collection particulière (voir ci-dessous, illustration de gauche), pour se
convaincre que ces trois portraits représentent le même personnage. Il
semblerait toutefois que le La Guérinière du tableau du Musée de Quimper ait
été peint plusieurs années avant les deux autres portraits, qui nous peignent
un La Guérinière déjà plus âgé.
Outre ces trois portraits, il est fort probable que l'une des planches les plus célèbres de l'édition in-folio de 1733 de l'École de cavalerie, l'épaule en dedans en regard de la page 104, gravée par Nicolas-Henri Tardieu (1674-1749) d'après un dessin de Charles Parrocel, représente La Guérinière avec un de ses élèves (ci-dessous illustration de droite). Une variante de cette même planche apparaît également dans l'édition in-8 de 1736, mais en raison du plus petif format, la ressemblance n'est plus apparente (voir