VUES DE L'ANCIEN MANÈGE DUPHOT
(ÉTAT ACTUEL)
Photos: ©Alain
Fabre, 2002-
dernière modification: 4/8/03
12, rue Duphot, Paris 1er, entre la place Vendôme et
l'église de la Madeleine. Il s’agit en fait de deux immeubles construits
entre 1806 et 1810 pour une compagnie hollandaise par Emmanuel Aimé
Damesme. Ce n’est qu’en 1838 qu’il fut transformé en
manège, le comte d’Aure s’y installant alors, mais pour deux
années seulement, car il laissera à d’autres la direction.
Le manège Duphot fermera définitivement ses portes au
début de la première guerre mondiale. L'établissement
hébergeait environ quatre-vingts chevaux. A l’ époque
où d’Aure y enseigne, le grand concurrent est le manège de
la rue du Faubourg Saint-Martin, où enseigne Baucher. Le manège
Duphot attire de préférence la grande aristocratie du faubourg
Saint-Germain[1]
et les grosses fortunes gravitant autour des chevaux de courses (et en moindre
mesure du Jockey-Club), alors que la clientèle de Baucher se recrutait
dans les cercles plus libéraux et bourgeois. Cependant, ce clivage
”de classe” était tempéré par les
préférences pour l’une ou l’autre des grandes figures
du monde équestre que furent Baucher et d’Aure. Certains
mêmes se partageaient entre les deux camps.
1. Fronton du
porche d'entrée du manège Duphot
2. Porche d'entrée du manège Duphot vu
de la rue Duphot (au fond, un immeuble récent défigure le
complexe)
3. Porche du manège Duphot vue de la cour vers
la rue
4. Vue de la cour de manège Duphot
Après l’abandon du
manège par d’Aure, en 1839, le manège Duphot
périclita jusqu’à ce qu’un marchand de chevaux de la
place de la Madeleine, Stephen Drake, le rachète, en 1846, pour en
confier aussitôt la direction au comte Louis-Xavier de Montigny (1814-1890), lequel, successivement élève de
d’Aure puis de Baucher, le céda peu de temps après à
un autre élève de Baucher, de Fitte. A la fin de
l’année 1846, de Fitte abandonnera à son tour le
manège Duphot pour reprendre les rênes au manège de la
Chaussée d’Antin.
[1] En dehors de partis pris purement équestres, ce furent en partie des raisons politiques qui polarisèrent les deux camps, situation qui demeurera pratiquement inchagée jusqu’à la fin du Second Empire. En effet, alors que le comte d’Aure avait toujours été très lié avec l’équipe au pouvoir durant la Restauration, le trio Baucher-Pellier-Franconi fut plutôt victime de l’ostracisme de la grande aristocratie légitimiste et de ses partisans, surtout à partir de la monarchie de Juillet. Ils étaient plus ou moins suspects soit de bonapartisme, ou pire pour l’époque, d’avoir des sympathies républicaines. Laurent Franconi avait été pendant quelque temps instructeur d’équitation des Vélites de la Garde consulaire (où l’un de ses élèves était Eugène de Beauharnais). D’autre part, dès septembre 1830, le manège Pellier de la rue Montmartre (Manège central), dans l’immeuble duquel siégeait l’Association des Amis du Peuple, s’était acquis pour cette raison une réputation de foyer d’agitation républicaine. Quant à Baucher, son association avec Pellier, et par la suite l’appui du duc d’Orléans pour l’adoption de sa méthode à Saumur en 1842 ne firent qu’envenimer les rapports avec des cercles restés souvent très étroitement attachés à la branche aînée des Bourbons.